Tous les articles par marsanticra

Témoignage: Expulsion massive vers l’Algérie via avion privé et conditions dans le CRA

Enfermé dans le Centre de Rétention de Marseille depuis un mois, Y. a été expulsé vers l’Algérie et veut témoigner de son expulsion. 

Ces dernières semaines, les expulsions des personnes vers l’Algérie étaient suspendues à cause des « tensions diplomatiques » entre les deux États. Elles ont repris avec force la semaine dernière.

Y., une personne qui a été expulsée, a voulu témoigner de la reprise des expulsions.  Il nous a dit que les matons étaient vraiment « très sales » avec lui. Ils sont venus dans la nuit et l’ont menacé avec du scotch. Selon Y. c’était « soit le bled, soit la prison ». Il n’a pas pu prendre ses affaires, ils l’ont embarqué sans rien vers un pays qu’il ne connaît pas (il a grandi en France). 

Lui et une quinzaine de personnes (venues d’autre CRA aussi) ont été emmenées à l’aéroport où un avion sur une piste « cachée » les attendait. Y. parle d’une petit avion, conduit par un condé, avec 3 ou 4 camionettes à coté. 

Nous avons déjà parlé d’un terminal « caché » à l’aéroport de Marignane, un terminal que n’emprunte jamais le touriste lambda, tout au bout d’une route qui longe l’étang de Berre, coincée entre l’étang et les grillages de l’aéroport, à coté d’un entrepôt DHL. A l’abri des regards des touristes, des voyageurs privilègiés avec les « bons papiers » et en empêchant tout appel à l’aide, l’État français déporte en masse des personnes dans des petits avions, dans des situations terribles, schotchées, menottées, attachées…

Nous avons aussi reçu une vidéo enregistrée quelques jours avant cette expulsion de masse. Les personnes qui l’ont faite tiennent à montrer à l’extérieur les conditions dégueulasses et dégradantes dans lesquelles elles se trouvent. Ce qu’on voit dans cette vidéo, ne sont pas des conditions exceptionnelles, mais le quotidien dans le CRA de Marseille (et dans toutes les autres CRA).

À ça nous devons bien sûr ajouter les violences des keufs racistes de toutes sortes comme tabassages, fouilles, insultes….  et autres situations dégradantes : bouffe immangeable et refus de soigner même les situations plus graves.

Force à vous tous et à tous les prisonnier.e.s et à leurs proches !

Feu aux CRA !

Article sur Twin jet : 

La compagnie aérienne Twin-jet et l’état français expulsent chaque vendredi vers la Tunisie

Lien vers la poste instagram:

A post shared by Marseille anti CRA (@marseilleanticra)

Prise de parole anti-carcérale sur Sainte-Soline

Le choix de la répression par la violence à Sainte-Soline est ici totalement assumé par le gouvernement, il lui suffit pour cela de prétendre dans les médias que c’était le rassemblement qui était violent. On se souvient que Darmanin avait déjà parlé d » »écoterrorisme » lors du rassemblement contre les mégabassines en novembre dernier.

Ce retournement du discours pour légitimer la violence est systématiquement mobilisé par l’État quand il a besoin de se justifier. A chaque fois qu’un keuf tue une personne, l’État utilise sans trop de problèmes le racisme, l’islamophobie, le soi-disant « ensauvagement » des quartiers, une dangerosité fantasmée de la personne tuée, comme si elle avait mérité de mourir. 

Dans la plupart des cas de violences d’État, celles dont on parle le moins, l’État n’a même plus besoin de se justifier. La violence est par principe légitime à tout moment contre des gens que l’on peut présenter comme des monstres. Lorsqu’un prisonnier ou une personne déjà exclue de la société est tuée par des matons ou des keufs, l’État ne mobilise même plus ce discours.

Ces violences sont permanentes et quotidiennes contre les personnes racisées, contre les personnes sans-papiers, contre les prisonnières et les prisonniers. Il n’existe pas un seul centre de rétention, pas une seule prison où les keufs ou les matons ne sont pas violents, au quotidien. Des dépôts de nourriture interdits en cette période de ramadan au centre de rétention de Marseille, jusqu’aux tabassages, fouilles à nu, transferts disciplinaires et mise au mitard comme c’est le cas aux Baumettes fin janvier, les violences d’État sont, ne l’oublions pas, permanentes en prison.

Comme le montre le week-end à Sainte-Soline, un manque de soins organisé par l’État peut mettre quiconque en danger de mort. En prison, en centre de rétention, les soins décents n’existent pas et n’ont jamais existé. Il ne s’agit pas d’une absence de soins, mais d’un refus de soigner, un choix volontaire de laisser mourir. Le refus de soigner est une violence d’État. Et en prison, la violence est quotidienne. Qu’est-ce qu’un quartier d’isolement si ce n’est de la torture blanche ? Que dire des conditions de détention en régime 41 bis en Italie, dans lesquelles l’État italien est en train de laisser mourir Alfredo Cospito (en grève de la faim depuis plus de 5 mois), sans parler de violence légale, institutionnelle ?

La police et la Justice fonctionnent ensemble. Le taf des keufs consiste à tuer, à faire peur, ou à arrêter des gens pour les mettre en prison. Les tribunaux consistent à faire peur à tout le monde dehors, à condamner les gens à des peines de prison, parfois à des peines jusqu’à la mort. En ce moment, le gouvernement demande aux keufs d’intensifier la violence et les arrestations dans les manifestations, pour faire peur et que la mobilisation se réduise. 

L’État élargit sa répression au mouvement social en ce moment, mais cette violence et ces arrestations ne sont pas nouvelles, elles touchent une population qui est déjà massivement enfermée et qui est appelée à l’être encore plus (comme le prouvent les constructions de nouvelles prisons, par exemple en ce moment à Marseille avec les Baumettes 3, au nord de Nîmes, près d’Avignon à Entraigues-sur-la-Sorgue, ou dans le Var au Muy).

L’État tente de plus en plus de légitimer la répression de tout ce qui ne représenterait pas les « valeurs de la République », pour ne pas dire les valeurs de l’État. La loi séparatisme de 2021 a engagé un processus de dissolutions de groupes étiquetés anti-républicains les uns après les autres : le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), la Coordination contre le racisme et l’islamophobie en France (CRI), il a essayé aussi contre le Groupe antifasciste Lyon et environs (GALE), Nantes révoltée ou encore le Collectif Palestine Vaincra (CPV). L’annonce de la dissolution des « Soulèvements de la terre » par Darmanin mardi fait partie de ce point de bascule. D’ailleurs, c’est ce même prétexte du respect des « valeurs de la République » que Darmanin brandit pour justifier l’enfermement massif en CRA et l’expulsion des personnes sans-papiers (c’est déjà le cas et la loi Darmanin à venir ne fera que le renforcer), ce même prétexte aussi qui permet à n’importe quelle préfecture de couper les subventions à une association qui ne lui plaît pas.

Sainte-Soline illustre le durcissement sécuritaire actuellement en cours, qui repose fondamentalement sur la violence : les violences policières, et avec elles les violences pénitentiaires. On sait que l’on n’a rien à attendre de la police ni de la Justice, si ce n’est la violence, la mort, la peur, des peines de prison et tout un tas de galères.

Lu au rassemblement contre les violences policières, jeudi 30 mars 2023 devant la préfecture de Marseille

Affiches d’information sur les CRA

Collez-en autour de vous !

Voici des affiches pour partager des informations sur les CRA de Marseille et Nîmes, les révoltes à l’intérieur, la répression et les entreprises qui collaborent. N’hésitez pas à les imprimer et les afficher autour de vous

8 mars – Journée de lutte contre les violences sexistes et sexuelles et pour les droits des femmes

Prise de parole de Marseille antiCRA

Gérald Darmanin, ministre violeur, porte cette année un projet de loi à son nom, loi Darmanin-Immigration, un projet de loi raciste et classiste, à son image et à l’image du gouvernement.

La loi Darmanin (qui sera examinée à la fin du mois) c’est

  • de probables restrictions du regroupement familial
  • l’accent mis sur les métiers en tension, qui consiste à faire dépendre l’accès au titre de séjour à l’exploitation par le travail des travailleureuses précaires, dans des métiers difficiles
  • plus de places en CRA – centre de rétention administrative (extension-construction) et plus d’OQTF – Obligation de quitter le territoire français effectives (c’est-à-dire, plus d’expulsions)

Pour les femmes et les minorités de genre sans papiers, plus invisibles, l’horizon de cette loi c’est plus de précarité, de violences, et d’exploitation. C’est plus de contrôles policiers arbitraires et au faciès, plus d’arrestations, plus de mépris et d’agressions en centre de rétention, plus de difficultés administratives. C’est aussi, nécessairement, plus d’enfermement d’enfants dans les prisons pour sans papiers, malgré les nombreuses condamnations de l’Etat à ce sujet.

Rappelons que l’enfermement des meufs et des personnes trans et queer en CRA est fondamentalement lié à des violences patriarcales et à un continuum de violences de genre et racistes. Les travailleuses du sexe et globalement les travailleuses les plus précaires sont majoritairement exposées.

Nous savons aussi que dans les lieux d’enfermement, les menaces de viol sont fréquentes. Et les viols eux-mêmes ne sont pas rares, comme en témoignent plusieurs prisonnières. Le collectif Marseille anti-CRA essaie d’établir des liens avec des prisonniers et des prisonnières. Cela n’est pas simple : à Marseille, il n’y a pas de bâtiment femmes/familles, et les personnes sont le plus souvent enfermées au CRA de Nîmes. Récemment, nous avons appris que le bâtiment dédié aux femmes/familles à Nîmes était déplacé à Toulouse : plus d’éloignement, c’est plus d’isolement pour les femmes, en CRA comme dans tous les autres lieux d’enfermement.

Visibilisons ces situations, parlons-en et combattons-les ! Avec les collectifs de sans papiers, nous demandons :

  • la régularisation de toustes les sans papiers
  • l’abolition des centres de rétention, des prisons et de l’enfermement
  • l’ouverture des frontières

Pour un féminisme anticarcéral, à bas les CRA, et toutes les prisons !


	

Manifestons le 18 février contre les CRA, les expulsions et la loi Darmanin

Ensemble contre la réforme des retraites, ensemble contre les Centres de Rétention Administrative et la loi Darmanin dite « loi migration », dispositifs qui visent à enfermer plus, accélérer les expulsions, criminaliser les étrangèr.es et détériorer les conditions de vie et de travail de tous.tes, en première ligne celles des personnes étrangèr.es et sans-papiers !

Manifestons le 18 février à 14h, rendez-vous au métro Bougainville ! Marseille solidaire, antiraciste, antifasciste !

C’EST QUOI UN CRA ? Les centres de rétention administrative (CRA) servent à enfermer des personnes sans-papiers pendant une période allant jusqu’à 3 mois, parfois plus, dans l’attente de leur expulsion. Les personnes qui y sont enfermées sont déboutées de l’asile, ont eu un refus de titre de séjour, sont interpellées à la frontière, dans la rue ou au travail, sortent de prison…

LE RYTHME DE CONSTRUCTION DES CRA S’ACCÉLÈRE

Depuis une loi adoptée le 22 novembre 2022, l’État a décidé de doubler le nombre de places en CRA en France, en passant de 1500 en 2017 à 3000 pour 2027. Les constructions de nouveaux CRA ont donc lieu partout. Un deuxième CRA fonctionne depuis un an à Lyon juste à côté du premier, et un autre CRA ouvrira en 2023 à Olivet près d’Orléans. D’autres CRA vont être agrandis, par exemple en Île-de-France au Mesnil-Amelot et à Vincennes. L’État a aussi déjà prévu de construire deux nouveaux CRA à Bordeaux et à Nantes.

LA LOI IMMIGRATION VEUT SYSTÉMATISER L’EXÉCUTION DES OQTF

La France détient le record d’Europe des obligations de quitter le territoire : elle en distribue plus de 100 000 par an. Les personnes sans-papiers sont alors condamnées à vivre dans la clandestinité, dans la hantise de se faire contrôler à tout moment, puis de se faire expulser. La nouvelle loi immigration veut encore augmenter le nombre d’OQTF, par exemple en voulant rendre automatiques les OQTF en cas de refus de titre de séjour.

Le gouvernement veut aussi que les OQTF soient « exécutées » plus systématiquement, c’est-à-dire que toutes les personnes qui ont une OQTF devront vraiment quitter le territoire, en réduisant les voies juridiques de recours et en inscrivant les personnes sous OQTF au fichier des personnes recherchées. Pour que les personnes expulsées ne reviennent plus, et pour que les personnes restent clandestines si elles sont en France après la fin d’une OQTF, l’État prévoit aussi de multiplier les interdictions de retour sur le territoire français (IRTF), associées de plus en plus systématiquement aux OQTF.

EXPLOITER LES SANS-PAPIERS PAR LE TRAVAIL

La loi immigration de Darmanin prévoit un titre de séjour pour les « métiers en tension ». Ce n’est en réalité pas nouveau : les préfectures ont déjà le pouvoir de donner un titre de séjour par le travail. Mais en renforçant ce type de pratique, le gouvernement veut que l’autorisation de séjour en France dépende obligatoirement de l’exploitation au travail. L’État et les patrons décident quel métier serait en « tension » ou pas, qui aurait ou non le droit à un titre de séjour par le travail, et se réservent bien sûr le droit de changer d’avis. Les personnes refusant de travailler dans les conditions indignes qu’on leur promet, exigeant des augmentations de salaire, subissant le racisme de la police ou de leurs patrons, n’auront ainsi absolument aucune certitude d’obtenir ce titre de séjour ou de le garder. L’État a besoin des personnes sans-papiers, à condition qu’elles travaillent et se taisent

À BAS LES CRA, À BAS LES FRONTIÈRES !

RENDEZ-VOUS SAMEDI 18 FÉVRIER A 14H AU MÉTRO BOUGAINVILLE