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Départ de feu au CRA de Marseille en résistance aux expulsions


Dans la nuit du jeudi 1er février, un incendie s’est déclaré dans le bâtiment 1A du centre de rétention de Marseille à Canet, 13014.

La police a placé au moins quatre personnes en garde à vue, dont un qui a été expulsé entre temps

Cet incendie s’inscrit dans la résistance quotidienne contre le système d’exclusion, d’enfermement et d’expulsion des migrant.e.s

Force à celleux qui résistent.
A bas les CRA
A bas les frontières

Témoignage d’un prisonnier du CRA de Marseille après la mort d’un détenu lors d’une révolte

Ici on transmet une lettre publique d’un détenu du CRA de Marseille. Il écrit dans les suites de la mort d’un détenu après une révolte qui s’est déclenchée la nuit du 30 juin. Plus d’informations par rapport à la révolte sont à trouver dans notre précédent article.

Force aux prisonniers du CRA de Marseille
À bas les CRA

S.O.S.

Ici, dans le centre de détention où nous sommes, nous vivons l’enfer quotidiennement. Nous vivons comme des animaux, sans eau, ni électricité, ni soins (je n’ai pas vu de médecin malgré mes crises d’estomac répétées).

Des gardes sans scrupules et beaucoup d’autres choses que je ne peux décrire.

Un jeune tunisien s’est suicidé le 30.06.2023 et un autre algérien a suffoqué par la fumée. Tout ça dans un pays de droits. Où est passé la dignité de l’être humain ? J’espère que ma lettre trouvera des oreilles sensibles et une écoute responsable.

Leur devise : souffre et meurs sans jeter un cri

Un mort dans la révolte du 30 Juin au premier Juillet au CRA de Marseille

Dans la nuit du 30 Juin une révolte a éclaté au centre de rétention du Canet à Marseille. Un incendie a été déclenché, occasionnant des blessé.es, et de la répression : le lendemain plusieurs personnes ont été transférées au cra de nîmes ou mise en garde à vue dans des commisériats de marseille. Une personne est partie à l’hopital dans un état particulièrement grave. Hier on a appris sa mort

T.W. : Ces témoignages parlent de cas de suicides

Voici deux témoignages issus d’appels de personnes encore à l’intérieur :

Témoignage cra marseille 02/07/2023 :
Je disais la situation dedans, les toilettes sont très sales, la nourriture est moisie tu peux même pas donner a un chien, ya rien, ils [la paf] insultent les gens et tout et provoquent les gens il y a deux groupes.
yen a un ils insultent et sont tres raciste, tu demande un sachet de sucre ils te donnent pas, rien. [A propos du cachot] Non pour le moment ya pas, moi la semaine passée, ca fait dix jours j’ai demandé a voir un medecin. Je vais meme pas a l’hopital, pas de medicaments.

C’est pour ces conditions (le feu)
Ils ont voulu eteindre vers 1h du matin ca a commencé a minuit jusqu a
3 heures du matin.
Tout le monde se sent pas bien on a perdu quelqu un qui est bien et tout. Dans une situation comme ça, de la misère et tout et en plus de ça tu perds des personnes, ça se passe pas bien. Tout le monde a le moral nul.
Ya des gens qui font des tentatives de suicide ici, c’est pas le premier celui la ya quelqu’un avant lui il a passé trois jours a l’hopital ils l’ont ramene ici. Tout le monde veut se suicider plutôt que d’aller en prison parce que tu passes 1an en prison et 3 mois ici.

Témoignage cra marseille 02/07/2023
Ils l’ont frappé, il a même un œil au beurre noir et tout dans l’etage ou yavait l’emeute. Quand les policiers ils sont arrivés, lui il était calme tranquille et directement ils l’ont frappé je sais meme pas pourquoi. Il a tapé la tete contre les murs son nez il est tordu et il a les deux yeux au beurre noir. Là, il est passé en jugement ils lui ont mis 22 jours. Là il est pas en isolement il est à mon etage, l’etage des gens tranquilles. Là ça va mieux c’etait avant-hier quand ça s’est passé.
Quand ils sont arrivés les casques bleus, ils l’ont plaqué à lui alors qu’il avait rien a voir, ils ont dit yavait les cameras et tout mais sinon il aurait pris soit de la prison soit transferé comme ils ont transfere d’autres.
Yen a plusieurs qu’ils ont amenés en prison par rapport a l’emeute.
Lui qui est mort, yen a deux en fait. Yen a un son cœur il s’est arreté et
après ils lui ont fait le massage cardiaque a l’hopital, ils l’ont reveillé avec les machines et nous on a entendu ya un mort en plus mais on est pas surs en fait. Il est parti d’ici mort on dirait mort mort.
Même les policiers ils nous ont dit il est mort et je crois sur la route pour l’hopital ils l’ont reveillé dans l’ambulance. Même mon collegue qui était a l’etage avec lui il m’a dit franchement je sais pas on croit que c’est une overdose. Vous voyez le jour ou il y a eu le feu ils ont mis tout le monde dans un etage et son collegue quand il sest reveillé il a vu qu’il bougeait plus il a fait quoi il l’a sorti de la cellule il a appelé ils ont commencé a paniquer ils ont appelé la police et les pompiers sont venus le chercher
Et lui qui est avec moi ils l’ont plaqué contre le sol contre le mur en fait quand ils l’ont plaqué ils ont plaqué le visage contre la vitre ils lui ont mis un coup de coude ils sont rentrés directement ils sont allé vers lui alors que c’est un de ceux qui a rien fait.
Quand les casques bleus sont arrivés ca a mis tout le monde a genoux ça a mis des claques a genoux dans la promenade on dirait une petite cage a poule ils ont sorti a genoux lui qui passe ça l’eclate lui qui dit c’est pas moi ou ce qu’il sest passé c’était paf direct. Surtout dans notre etage parce que c’est pas dans notre etage que ça s’est passé pendant qu’ils etaient a genoux dans les promenades l’étage d’en bas ceux qui ont mis le feu et tout ça nous on était en train d’asphyxier parceque on est au 1er etage. Et l’etage d’en dessous ça cramait. C’est monté par les aerations les placards de l’electricité ya eu 2/3 explosions ils nous ont dit de rester en promenade et apres qu’ils ont maitrisé ceux d’en bas ils sont mont’s nous voir a nous. Moi j’ai le stage de premier secours, yen avait un ils l’ont pas soigné il a failli mourir par rapport a la fumée. Je lui ai fait le massage cardiaque sur place ça l’a soulagé et apres le lendemain, hier, il est parti a l’infirmerie ils lui ont donné un cachet ils lui ont donné la ventoline et voila ils lui ont dit ca va passer parce que sa voix est devenue bizarre et il respirait mal. Yavait les pompiers a l’infirmerie quand il y est allé.
Ya plusieurs personnes qui sont allées a l’hopital. Moi jvous ai raconté par rapport a la personne qui est en etat grave 1 ou 2 ils ont amené a l’hopital.

Prise de parole anti-carcérale sur Sainte-Soline

Le choix de la répression par la violence à Sainte-Soline est ici totalement assumé par le gouvernement, il lui suffit pour cela de prétendre dans les médias que c’était le rassemblement qui était violent. On se souvient que Darmanin avait déjà parlé d » »écoterrorisme » lors du rassemblement contre les mégabassines en novembre dernier.

Ce retournement du discours pour légitimer la violence est systématiquement mobilisé par l’État quand il a besoin de se justifier. A chaque fois qu’un keuf tue une personne, l’État utilise sans trop de problèmes le racisme, l’islamophobie, le soi-disant « ensauvagement » des quartiers, une dangerosité fantasmée de la personne tuée, comme si elle avait mérité de mourir. 

Dans la plupart des cas de violences d’État, celles dont on parle le moins, l’État n’a même plus besoin de se justifier. La violence est par principe légitime à tout moment contre des gens que l’on peut présenter comme des monstres. Lorsqu’un prisonnier ou une personne déjà exclue de la société est tuée par des matons ou des keufs, l’État ne mobilise même plus ce discours.

Ces violences sont permanentes et quotidiennes contre les personnes racisées, contre les personnes sans-papiers, contre les prisonnières et les prisonniers. Il n’existe pas un seul centre de rétention, pas une seule prison où les keufs ou les matons ne sont pas violents, au quotidien. Des dépôts de nourriture interdits en cette période de ramadan au centre de rétention de Marseille, jusqu’aux tabassages, fouilles à nu, transferts disciplinaires et mise au mitard comme c’est le cas aux Baumettes fin janvier, les violences d’État sont, ne l’oublions pas, permanentes en prison.

Comme le montre le week-end à Sainte-Soline, un manque de soins organisé par l’État peut mettre quiconque en danger de mort. En prison, en centre de rétention, les soins décents n’existent pas et n’ont jamais existé. Il ne s’agit pas d’une absence de soins, mais d’un refus de soigner, un choix volontaire de laisser mourir. Le refus de soigner est une violence d’État. Et en prison, la violence est quotidienne. Qu’est-ce qu’un quartier d’isolement si ce n’est de la torture blanche ? Que dire des conditions de détention en régime 41 bis en Italie, dans lesquelles l’État italien est en train de laisser mourir Alfredo Cospito (en grève de la faim depuis plus de 5 mois), sans parler de violence légale, institutionnelle ?

La police et la Justice fonctionnent ensemble. Le taf des keufs consiste à tuer, à faire peur, ou à arrêter des gens pour les mettre en prison. Les tribunaux consistent à faire peur à tout le monde dehors, à condamner les gens à des peines de prison, parfois à des peines jusqu’à la mort. En ce moment, le gouvernement demande aux keufs d’intensifier la violence et les arrestations dans les manifestations, pour faire peur et que la mobilisation se réduise. 

L’État élargit sa répression au mouvement social en ce moment, mais cette violence et ces arrestations ne sont pas nouvelles, elles touchent une population qui est déjà massivement enfermée et qui est appelée à l’être encore plus (comme le prouvent les constructions de nouvelles prisons, par exemple en ce moment à Marseille avec les Baumettes 3, au nord de Nîmes, près d’Avignon à Entraigues-sur-la-Sorgue, ou dans le Var au Muy).

L’État tente de plus en plus de légitimer la répression de tout ce qui ne représenterait pas les « valeurs de la République », pour ne pas dire les valeurs de l’État. La loi séparatisme de 2021 a engagé un processus de dissolutions de groupes étiquetés anti-républicains les uns après les autres : le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), la Coordination contre le racisme et l’islamophobie en France (CRI), il a essayé aussi contre le Groupe antifasciste Lyon et environs (GALE), Nantes révoltée ou encore le Collectif Palestine Vaincra (CPV). L’annonce de la dissolution des « Soulèvements de la terre » par Darmanin mardi fait partie de ce point de bascule. D’ailleurs, c’est ce même prétexte du respect des « valeurs de la République » que Darmanin brandit pour justifier l’enfermement massif en CRA et l’expulsion des personnes sans-papiers (c’est déjà le cas et la loi Darmanin à venir ne fera que le renforcer), ce même prétexte aussi qui permet à n’importe quelle préfecture de couper les subventions à une association qui ne lui plaît pas.

Sainte-Soline illustre le durcissement sécuritaire actuellement en cours, qui repose fondamentalement sur la violence : les violences policières, et avec elles les violences pénitentiaires. On sait que l’on n’a rien à attendre de la police ni de la Justice, si ce n’est la violence, la mort, la peur, des peines de prison et tout un tas de galères.

Lu au rassemblement contre les violences policières, jeudi 30 mars 2023 devant la préfecture de Marseille

Affiches d’information sur les CRA

Collez-en autour de vous !

Voici des affiches pour partager des informations sur les CRA de Marseille et Nîmes, les révoltes à l’intérieur, la répression et les entreprises qui collaborent. N’hésitez pas à les imprimer et les afficher autour de vous