25 novembre – Manifestation – Journée de lutte contre les violences sexistes et sexuelles
POUR UN FEMINISME INTERSECTIONNEL ET ANTI-CARCERAL !
Chaque jour et partout, on lutte pour que disparaissent les CRA, qui font partie d’un système d’enfermement, de contrôle et d’oppression raciste et sexiste.
Les Centres de rétention administrative (CRA) sont des prisons où l’État enferme les personnes qu’il considère illégales sur le territoire, car elles ne posséderaient pas les « bons papiers ». L’objectif est de les expulser. Depuis le 1er janvier 2019, la durée de rétention maximale dans les CRA est de 90 jours et ce sont plus de 50 000 personnes qui y sont enfermées chaque année. Le projet de loi d’orientation et de programmation du Ministère de l’Intérieur (LOPMI), voté cette semaine par l’Assemblée Nationale du Parti Socialiste au Rassemblement National, prévoit une hausse de 15 Milliards d’€ pour ce Ministère. Cette hausse va notamment servir à financer la construction de 3000 places en CRA d’ici 2027 (contre environ 1900 place aujourd’hui) !
On ne parle ici que de la situation en France, mais il existe bien sûr des prisons pour étranger.e.s en Italie (CPR), comme dans les autres pays d’Europe et partout ailleurs dans le monde.
La logique de l’enfermement en CRA comme dans les autres prisons s’effectue selon un régime de binarité hommes/femmes. Plus encore que celle des hommes, la situation des femmes et des personnes queer et trans enfermées en CRA est invisible et invisibilisée.
Les bâtiments destinés aux femmes ont la particularité d’être moins nombreux, souvent plus éloignés des lieux d’arrestation. Comme dans les autres prisons, elles sont donc plus isolées, recevant potentiellement moins de visite, moins de soutien. Des prisonnièr.e.s (mais aussi des proches, via les fouilles) dénoncent des agressions sexuelles qu’elles subissent de la part des keufs.
Les conditions des arrestations sont diverses. Les travailleuses et travailleurs du sexe sont particulièrement visé.es par les flics un peu partout ; des famille peuvent être arrêtées devant des écoles ; une meuf a témoigné avoir été dénoncée par son copain. Dans tous les cas, un constat : l’enfermement des meufs et des personnes trans et queer en CRA est fondamentalement lié à des violences patriarcales et à un continuum de violences de genre et racistes.
De plus, à l’extérieur des CRA et des prisons, les personnes qui soutiennent les prisonnièr.e.s sont en majorité des meufs. Elles sont celles qui apportent le soutien affectif et matériel en même temps qu’elles perdent celui que leur apporte leur proche enfermé.e.
Si on parle des CRA, on n’oublie pas non plus le taux des personnes étrangères et racisées qui se trouvent dans les prisons et lieux d’enfermement en général.
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Le collectif Marseille anti-CRA essaie d’établir des liens avec des prisonniers et des prisonnières. A Marseille, il n’y a pas de bâtiment femmes/familles, elles sont le plus souvent envoyée au CRA de Nîmes. Récemment, on a recueilli un témoignage d’une femme enfermée qui racontait qu’elle n’avait pas vu la lumière du jour depuis 22 jours : les femmes n’étaient en effet pas autorisées à aller en promenade, soi-disant en raison de travaux. En réalité pas de travaux, seulement des décisions arbitraires prises par les policier.e.s. Quand elles ont enfin pu retourner en promenade, elles ont subi du harcèlement sexiste de la part des prisonniers sans que la police ne réagisse évidemment. La nourriture y est particulièrement immonde.
Au CRA du Mesnil-Amelot en Ile-de-France, des prisonnières ont récemment témoigné qu’elles subissent des blocages dans la distribution des produits d’hygiène, de la nourriture et de l’argent. Elles n’ont aucun soin gynéco. Les punaises de lit prolifèrent dans le CRA. Le covid et la variole du singe aussi ; l’une des prisonnières ayant eu le covid a été mise en isolement chez les hommes. Elles subissent des fouilles des hommes de la Police aux Frontières.
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Tout ceci n’est qu’une petite partie de l’iceberg des violences qui prolifèrent en Centre de Rétention. La plupart des situations sont invisibles comme on le disait plus tôt – surtout celles des meufs et des personnes queer. C’est le propre des lieux d’enfermement que de reléguer dans l’ombre.
Cependant n’oublions pas que les personnes enfermées ne cessent jamais de résister et de s’organiser pour lutter contre les oppresseurs ! Récemment des grèves de la faim ont eu lieu à Nîmes et au Mesnil-Amelot.
Visibilisons ces situations ! Parlons-en, organisons nous avec et soutenons les prisonnières, les prisonniers et leurs proches.
Force et courage aux personnes enfermées dans toutes les prisons et leurs proches.
A bas les CRA, les prisons, les frontières et le patriarcat !